Le jeu du « hot and cold », ce fameux « fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis »… On a mille façons de le décrire. On sait que ça nous fait du mal, mais oooh, que c’est addictif. Ces montagnes russes émotionnelles, on les vit, on les aime – et on ne comprend même pas toujours pourquoi.
Ou bien, on est en couple, marié depuis des années… et pourtant, on se sent seul. Comme si l’autre n’était jamais vraiment là. Il manque quelque chose : de l’intimité, des discussions sincères sur nos ressentis, nos émotions, et pourtant… on ne parvient pas a lâcher prise, on reste insatisfait dans cette relation.
Ou encore, on enchaîne les dates, on cherche l’amour, mais chaque rencontre s’accompagne d’un tourbillon d’angoisses : « Comment va-t-il ou elle me percevoir ? », « Est-ce que je suis assez attirant(e) ? ». On se surprend même à changer pour l’autre, à deviner ses préférences et à essayer d’y correspondre. On se lisse les cheveux, on choisit des vêtements qu’on sait qu’il ou elle va aimer, on pèse nos mots à la virgule près.
Ces situations sont fréquentes, et elles ont toutes un point commun : notre style d’attachement. Bien sûr, tout ne s’explique pas uniquement par ce prisme, mais il joue un rôle majeur dans la façon dont on vit et perçoit nos relations.
Et ce n’est pas qu’une affaire de couple : notre style d’attachement influence aussi nos amitiés, nos relations familiales et même notre manière d’interagir avec nos collègues. Mais dans cet article, on va se concentrer sur son impact dans les relations amoureuses, là où il façonne profondément notre manière d’aimer et d’être aimé(e).
On va explorer ensemble ce qu’est un style d’attachement, comment repérer le nôtre pour mieux se comprendre et mieux comprendre l’autre. L’objectif ? Faire des choix plus éclairés sur nos partenaires et construire des relations plus sereines et épanouissantes.
Qu’est-ce que le style d’attachement ?
Avant de plonger dans les détails, définissons ce qu’est un style d’attachement. En termes simples, c’est notre manière instinctive de nous attacher aux personnes qui nous entourent : amis, famille, collègues, partenaires amoureux. Certains sont plutôt indépendants, on les décrit souvent comme des « loups solitaires ». D’autres ressentent un fort besoin de connexion, aiment parler, voir leurs proches régulièrement, et se sont peut-être déjà fait traiter de « pot de colle » ou d’être « trop présent(e) ».
Mais ce ne sont pas juste des traits de personnalité au hasard : ces tendances s’ancrent dans un modèle psychologique bien étudié.
Les recherches en psychologie ont identifié trois styles d’attachement principaux :
- Le style d’attachement sécure : ceux qui savent jongler entre indépendance et connexion sans angoisse excessive.
- Le style d’attachement anxieux : ceux qui ressentent un besoin intense de proximité et peuvent souffrir d’une peur du rejet ou de l’abandon.
- Le style d’attachement évitant : ceux qui valorisent l’indépendance à l’extrême et ont du mal à laisser les autres entrer dans leur monde émotionnel.
À ces trois styles s’ajoute une quatrième catégorie : Le style d’attachement désorganisé (ou anxieux-évitant) : un mélange paradoxal des deux précédents, où la personne oscille entre un besoin de proximité et une peur de l’intimité.
Évidemment, ce n’est pas une case rigide dans laquelle on est enfermé. Il s’agit plutôt d’un spectre, où chacun peut se retrouver à différents niveaux entre ces styles. On peut aussi évoluer au fil du temps et des expériences.
Si tu veux en apprendre plus à ce sujet, je t’invite à lire le livre Attached de Dr. Amir Levine et Rachel Heller, qui explore en profondeur les différents styles d’attachement et leur impact sur nos relations.
D’où vient notre style d’attachement ?
Le concept de l’attachement trouve ses racines dans les travaux de John Bowlby, psychiatre et psychanalyste britannique, et de Mary Ainsworth, psychologue du développement. Leurs recherches ont mis en évidence que nos premières relations et premiers liens dans l’enfance – notamment avec nos figures parentales ou figures d’attachement – façonnent nos schémas relationnels à l’âge adulte.
L’idée centrale ? La manière dont nos parents ont répondu (ou non) à nos besoins émotionnels dans nos premières années de vie influence directement notre manière d’aimer et d’être aimé.e aujourd’hui. On appelle cette théorie : La théorie de l’attachement.
Par exemple :
- Si tu as grandi avec un parent inconsistant, parfois distant et froid, parfois présent et attentionné, il est possible que tu aies développé un attachement anxieux. Inconsciemment, tu peux avoir peur que l’amour et l’attention de l’autre disparaissent, et chercher à te rassurer en demandant plus de proximité.
- Si, au contraire, tu as eu un parent surinvesti, trop présent et envahissant, ou à l’inverse un parent froid et distant, tu as peut-être développé des carences affectives et donc un attachement évitant. Résultat ? Dès que quelqu’un se rapproche trop, tu ressens un besoin irrépressible de fuir, sans vraiment savoir pourquoi.
L’enfance, et surtout la petite enfance, est donc un moment clé pour comprendre les bases inconscientes de nos comportements relationnels d’aujourd’hui.
Mais les styles d’attachement ne sont pas figés. Ils peuvent évoluer au fil du temps et des expériences. On peut très bien avoir eu une enfance sécurisante, développer un attachement sain, puis vivre un ou plusieurs traumatismes, ou plusieurs relations toxiques qui nous font basculer vers un style anxieux ou évitant.
C’est pourquoi il est essentiel de comprendre son style d’attachement dans le présent. Observer comment il évolue au fil du temps et des relations peut être un excellent compas pour mieux se situer émotionnellement et identifier les schémas qui nous desservent. Après tout, si notre style peut se modifier en réponse aux épreuves, il peut aussi changer à notre avantage avec une prise de conscience et un travail sur soi.
Les 4 styles d’attachement et leurs caractéristiques
L’attachement sécurisant : la base de relations saines
Si tu as tendance à :
- Donner de l’affection sans difficulté
- Dépendre de ton partenaire sans te sentir envahi(e)
- Communiquer tes besoins sans peur du rejet
- Être généralement satisfait(e) de tes relations amoureuses
- Conserver tes hobbies et ton indépendance tout en étant en couple
- Ne pas remettre en question ta valeur si l’autre devient distant(e)
- Avoir confiance en qui tu es dans une relation
- Trouver des compromis lors des disputes sans jouer au rapport de force
- Présenter ton/ta partenaire à tes proches sans stress
- Ne pas aimer jouer au chat et à la souris
- Exprimer tes émotions naturellement
Si tu coches la plupart de ces cases, il y a de fortes chances que ton style d’attachement soit sécurisant. Cela signifie que tu as développé une manière saine et équilibrée de t’attacher aux autres.
Les études montrent que ce style d’attachement est celui qui favorise le plus le bien-être relationnel. Ces personnes sont à l’aise avec l’intimité, savent gérer les conflits avec calme et trouvent des compromis sans tomber dans la toxicité. Pas de drames inutiles, pas de montagnes russes émotionnelles : leurs relations ressemblent à un long fleuve tranquille, avec une bonne dose de confiance et de sérénité. Ces personnes ont une sécurité émotionnelle réelle.
Avec un style d’attachement sécure, tu es non seulement bien dans tes relations, mais tu es aussi un véritable ancrage pour un.e partenaire anxieux.se ou évitant.e. Certes, une relation entre deux personnes sécurisantes est idéale, mais tu as un pouvoir apaisant et stabilisant pour celles et ceux qui oscillent entre la peur de l’abandon et la peur de l’engagement. Tu peux leur apporter un réel sentiment de sécurité.
Grâce à ta capacité à communiquer tes besoins clairement, à écouter sans juger et à donner et recevoir de l’amour sans crainte, tu peux être un modèle de sécurité affective pour ton/ta partenaire. Sans être un “sauveur”, ton équilibre émotionnel peut l’aider à évoluer progressivement vers un attachement plus sécure, en lui montrant que l’amour peut être un espace de confiance et de stabilité, plutôt qu’un terrain de jeu rempli de doutes et d’angoisses.
L’attachement anxieux : la peur de l’abandon
Si tu as tendance à :
- Jouer à des jeux pour capter l’attention de l’autre (ex : rendre jaloux(se), paraître distant(e), ne pas répondre exprès pendant plusieurs jours)
- Avoir du mal à communiquer tes besoins et à exprimer ce qui te dérange
- Attendre que l’autre devine tes émotions au lieu de les verbaliser
- Aimer être au centre de l’attention dans la relation
- Être fort préoccupé par la relation, presque de manière obsessionnelle
- Avoir peur de gâcher la relation ou de faire quelque chose qui ferait fuir l’autre
- Croire que l’amour demande énormément d’efforts et de travail
- Être facilement jaloux(se) et craindre l’infidélité de ton/ta partenaire
- Avoir peur d’être abandonné(e) ou quitté(e)
- Avoir du mal à être seul(e) ou célibataire
- Te sentir « complet(e) » uniquement quand tu es en couple
- Avoir peur que l’autre ne ressente pas la même chose que toi
- Être très sensible aux humeurs de ton/ta partenaire (tu t’adaptes et ressens ses émotions comme les tiennes)
- Croire que si ton/ta partenaire te quitte, tu ne retrouveras plus jamais personne
- Douter immédiatement de toi si ton/ta partenaire devient froid(e) ou distant(e)
- Mettre ton/ta partenaire sur un piédestal, en te sentant inférieur(e) à lui/elle
- T’attacher très vite dans une relation
Si tu te reconnais dans la plupart de ces points, il y a de fortes chances que tu aies un style d’attachement anxieux. Cela signifie que tu ressens une insécurité dans tes relations, notamment lorsque l’autre devient distant(e) ou moins attentif(ve). Tu as tendance à te remettre en question en premier et à penser que si quelque chose ne va pas, c’est probablement de ta faute.
Dans ce type d’attachement, on peut avoir du mal à poser ses limites, à s’affirmer et à garder un équilibre dans la relation. La peur de perdre l’autre peut pousser à faire beaucoup d’efforts, se suradapter, voire se perdre dans la relation. Tu as aussi un fort attachement à l’autre, et tu t’attaches rapidement.
Un exemple parfait d’attachement anxieux dans un film, c’est Bella Swan dans Twilight.
Bella incarne parfaitement ce style d’attachement : elle s’accroche intensément à Edward, au point que son monde s’effondre lorsqu’il s’éloigne. Elle ressent une forte insécurité sans lui, et son bonheur semble entièrement dépendre de sa présence.
Pourquoi développe-t-on un attachement anxieux ?
L’attachement anxieux se développe souvent lorsque l’enfant a grandi avec un parent inconsistant ayant des comportements contradictoires:
- Un parent qui donne beaucoup d’amour à certains moments, mais qui peut aussi devenir froid, occupé ou distant.
- Une attention instable qui fait que l’enfant n’a jamais su à quoi s’attendre.
- Un amour parfois conditionnel : l’enfant doit mériter l’amour et l’attention, au lieu de les recevoir naturellement.
Dans ces conditions, l’enfant grandit avec l’impression que l’amour est fragile, incertain, et qu’il faut toujours faire quelque chose pour le conserver.
Mais l’attachement anxieux ne vient pas forcément de l’enfance. Il peut aussi se développer après plusieurs relations toxiques ou un événement traumatisant, qui ont renforcé cette insécurité affective.
Les comportements typiques de l’attachement anxieux
Lorsqu’une personne anxieuse ressent de l’insécurité dans une relation, elle peut réagir de manière émotionnelle pour tenter de diminuer cet inconfort :
- Envoyer plusieurs messages ou appels répétitifs quand l’autre ne répond pas.
- Aller voir l’autre à l’improviste, simplement pour être rassuré(e).
- Faire des menaces de rupture ou utiliser la manipulation pour provoquer une réaction.
Les personnes ayant ce style d’attachement ont tendance à surinterpréter les émotions négatives. Un simple changement de ton, un visage impassible, une réponse plus tardive ou une légère distance peut immédiatement être perçu comme un rejet ou un signe de rupture imminent. Leur sensibilité accrue aux signaux négatifs les pousse à sauter rapidement aux conclusions pessimistes, là où une personne avec un attachement sécurisant prendra davantage de recul avant de réagir.
Comment l’attachement anxieux influence les choix amoureux ?
Les personnes anxieuses sont souvent attirées par celles qui ont un style d’attachement évitant. Et c’est là que le jeu du chat et de la souris commence :
- L’évitant(e) fuit l’intimité, ce qui active l’insécurité de la personne anxieuse.
- Plus l’évitant(e) prend de la distance, plus la personne anxieuse cherche à se rapprocher.
- Ce cercle vicieux crée des montagnes russes émotionnelles, où chaque période de distance est suivie d’un retour intense (et souvent temporaire) de l’évitant(e). Les sentiments de sécurité sont temporairement rétablis.
- Ce schéma réactive d’anciennes blessures et donne l’impression qu’il faut se battre pour être aimé(e).
Si tu te reconnais dans ce type de dynamique, il y a du travail à faire pour s’en détacher. Mais la bonne nouvelle c’est qu’un attachement anxieux n’est pas une fatalité. Avec du travail sur soi, des relations plus saines et, parfois, une aide professionnelle, il est possible de développer un attachement plus sécurisant.
Être avec un(e) partenaire sécure peut aussi aider, car ce type de personne :
- Communique clairement ses besoins et ses limites.
- Rassure sans être étouffant(e).
- N’a pas peur de montrer ses sentiments et d’aimer.
Un partenaire sécure peut offrir un sentiment stable et sécurisant, ce qui permet, avec le temps, de réapprendre à faire confiance et à calmer cette insécurité intérieure.
Si tu te retrouves souvent dans des relations instables et émotionnellement épuisantes, c’est peut-être le signe qu’un travail intérieur est nécessaire. La bonne nouvelle, c’est que le changement est toujours possible avec de la conscience, de la patience et de la bienveillance envers soi-même.
L’attachement évitant : l’indépendance à tout prix
Si tu as tendance à :
- Te remettre très vite après une séparation et passer à autre chose rapidement
- Avoir du mal à supporter l’autre quand il/elle va mal
- Valoriser ton indépendance avant tout
- Éviter de partager tes sentiments et émotions avec ton/ta partenaire
- Laisser la relation évoluer seule, sans faire d’efforts ni de compromis
- Avoir du mal à dépendre de l’autre dans la relation
- Te sentir agacé(e), ennuyé(e), voire « dégoûté(e) » sans raison apparente par ton/ta partenaire
- Préférer les relations éphémères (sex friends, aventures) aux relations amoureuses sérieuses
- Être mal à l’aise lorsque l’autre se rapproche trop émotionnellement
- Te retrouver souvent avec des partenaires qui demandent plus d’investissement, d’intimité
- Manquer l’autre en son absence, mais ressentir un besoin de fuir quand il/elle est là
- Détester quand quelqu’un dépend de toi émotionnellement
- Rester indifférent(e) si l’autre devient froid(e) ou distant(e), voire ressentir un soulagement
- Être souvent perçu comme « distant » ou « fuyant » dans les relations.
- Avoir peu de relations proches ou de relations intimes
Si tu te reconnais dans la plupart de ces points, il est probable que tu aies un style d’attachement évitant. Cela signifie que tu as tendance à éviter l’intimité et la dépendance émotionnelle, car ces éléments te mettent mal à l’aise. On t’a peut-être souvent décrit comme distant(e), froid(e) ou peu investi(e) émotionnellement.
Christian Grey est un exemple parfait d’attachement évitant. Il a du mal à s’engager émotionnellement et à exprimer ses sentiments, préférant imposer des règles strictes et des limites pour garder le contrôle sur ses relations. La vulnérabilité et l’intimité émotionnelle le mettent mal à l’aise, ce qui le pousse à maintenir une distance calculée avec ses partenaires. Ce personnage illustre parfaitement comment une personne évitante peut à la fois désirer l’amour et en être terrifiée.
Pourquoi développe-t’on un style d’attachement évitant ?
Il est possible que ton lien d’attachement parental ait été compliqué durant ton enfance, influençant ainsi le développement de ton style d’attachement évitant. Ce lien parent-enfant peut avoir été marqué par :
- Un manque d’attachement et de liens affectifs. Si tes parents étaient distants, avaient une impassibilité, étaient froids ou peu présents, il est probable que tu aies grandi avec des problèmes de relations et un besoin accru d’indépendance émotionnelle. Dans ce contexte, l’auto-suffisance devient une stratégie de protection face à des relations significatives qui t’ont apporté peu d’attention et de soins. Ce n’est pas de ta faute, c’est simplement un mécanisme naturel d’adaptation.
- Un surinvestissement parental, où l’un des parents (ou les deux) était trop présent émotionnellement. Dans ce cas, les liens affectifs étaient très forts, voire excessifs. Sans en avoir conscience, les parents remplissent leurs besoins avant les besoins de l enfant, créant ainsi une dépendance affective chez l’enfant, qui ressent une pression émotionnelle intense. Cette proximité affective intense a pu, avec le temps, fausser la perception de l’enfant sur ce qu’est une relation équilibrée, l’amenant à associer l’attachement à une forme de pression ou d’intrusion.
Cependant, comme mentionné pour le style d’attachement anxieux, il est tout à fait possible que tu aies grandi avec un attachement sécure, mais que des relations dysfonctionnelles t’aient amené à adopter un style évitant par la suite. Cela se produit souvent dans des relations toxiques, où une sur-dépendance du partenaire et un mauvais respect des limites peuvent donner une impression d’étouffement.
Pourquoi l’attachement évitant complique les relations ?
Les personnes avec un attachement évitant ont tendance à :
- Voir plus facilement les défauts de leur partenaire, les trouvant trop « needy » ou dépendants.
- Suppresser leurs propres émotions et besoins affectifs.
- Se convaincre que l’indépendance prime sur tout et que la proximité émotionnelle est une faiblesse.
Mais en réalité, les personnes évitantes ne sont pas immunisées à l’amour et à la peur de l’abandon. Elles ont les mêmes besoins affectifs que tout le monde, mais elles ont appris à les refouler et à les gérer en gardant les autres à distance.
D’un point de vue évolutionnaire, nous sommes faits pour vivre en tribu, en couple, en groupe. Notre cerveau est câblé pour la connexion et l’attachement, car, autrefois, notre survie en dépendait. À plusieurs, nous avions plus de chances de nous défendre contre les prédateurs, de chasser, de partager les ressources et de nous protéger des dangers. Seul ? Beaucoup moins…
Alors certes, la société moderne nous permet de vivre seul sans difficulté matérielle, mais est-ce réellement bénéfique pour notre bien-être mental ? Notre besoin d’attachement et de connexion n’a pas disparu avec le confort moderne. Au contraire, il reste profondément ancré en nous, et l’ignorer peut parfois nous priver d’un élément essentiel à notre équilibre émotionnel.
Il y a une grande différence entre indépendance et autosuffisance émotionnelle. Être indépendant, c’est pouvoir gérer sa vie sans dépendre excessivement des autres. Mais être autosuffisant émotionnellement, c’est croire que les relations ne sont pas essentielles, ce qui peut mener à une solitude intérieure difficile à reconnaître, et par conséquent influencer ta santé mentale.
Les stratégies d’évitement en amour
Une personne évitante a souvent des mécanismes pour garder l’autre proche… mais pas trop :
- Entretenir des relations sans engagement ou des relations distantes « on est ensemble, mais on n’est pas en couple ».
- Critiquer subtilement le/la partenaire (sur son apparence, sa manière de parler, etc.).
- Idéaliser ses ex pour créer une distance avec la relation actuelle.
- Flirter avec d’autres tout en restant dans une relation, pour maintenir une barrière émotionnelle.
- Mettre la faute sur les circonstances « Ce n’était pas le bon moment », « Je n’ai pas encore trouvé la bonne personne ».
Le problème ? Ces stratégies empêchent la construction d’une relation stable et profonde.
La bonne nouvelle, c’est que qu’on peut changer. Mais cela demande de reconnaître ces schémas et d’accepter qu’être vulnérable ne signifie pas être faible. Un travail sur soi, parfois avec un professionnel, peut permettre d’apprendre à gérer ses émotions autrement et d’accepter l’intimité sans la fuir.
Un partenaire sécurisant peut aussi jouer un rôle clé en créant un espace émotionnel sûr, où l’attachement évitant peut progressivement se détendre et apprendre à faire confiance.
Les clés pour développer un attachement plus sécurisant
Comme je l’ai mentionné plus haut, il est tout à fait possible d’évoluer vers un style d’attachement plus sécurisant et de créer un attachement sain dans ses relation. Mais cela commence par prendre conscience de son propre style d’attachement et faire le choix conscient de changer.
How you love yourself is how you teach others to love you. – Rupi Kaur
« La façon dont tu t’aimes est la façon dont tu apprends aux autres à t’aimer.»
Se libérer des modèles toxiques véhiculés par la société
Le problème, c’est que les dynamiques anxieux-évitant sont partout dans les médias, les films, les séries et les chansons. Prenons Fifty Shades of Grey : c’est l’exemple parfait d’une relation déséquilibrée où un partenaire distant et évitant est poursuivi par une personne plus anxieuse et en demande d’amour. Ce type de relation est souvent romantisé, au point qu’on finit par croire que c’est la norme.
Et puis, avec les applications de rencontre comme Tinder, les schémas relationnels ont changé. On passe vite à autre chose, on évite de s’engager trop tôt, on banalise le « Je ne veux rien de sérieux » et on privilégie les relations légères avant même de penser à quelque chose de stable.
Avant même de travailler sur soi, il faut donc déjà prendre du recul sur ces modèles relationnels. Comprendre que ce qu’on voit dans les films, les médias ou même autour de nous n’est pas forcément sain ni adapté à nos besoins. Accepter qu’une relation saine et sécurisante n’a pas besoin de drama pour être passionnante.
Les psychothérapies adaptées
Je ne vais pas trop m’attarder sur ce sujet, car j’ai écrit un article complet sur les thérapies adaptées selon les problématiques rencontrées (tu peux le lire ici :
Mais si tu veux un premier aperçu, voici quelques types de thérapies qui peuvent t’aider à travailler sur ton style d’attachement :
La thérapie de couple
L’objectif ici est de travailler ensemble avec son/sa partenaire pour mieux comprendre la dynamique de la relation et les schémas qui se répètent. Ce type de thérapie (dépendemment du psychologue) permet de mettre en lumière les styles d’attachement de chacun, de travailler sur les peurs et de favoriser une communication plus saine. Il y a souvent des séances individuelles en complément, pour approfondir le travail personnel.
La thérapie systémique
Elle se concentre sur les interactions avec ton entourage : partenaires, amis, famille, collègues. Elle aide, entre autre, à comprendre comment ton style d’attachement influence tes relations et comment ajuster ta manière de fonctionner pour des interactions plus sereines et équilibrées.
La thérapie cognitive et comportementale (TCC)
La TCC est particulièrement efficace pour travailler sur les pensées automatiques et les croyances dysfonctionnelles liées à l’attachement.
- Pour une personne avec un attachement anxieux, cela peut être la pensée « Si mon partenaire me quitte, je ne retrouverai jamais quelqu’un d’aussi bien », qui pousse à s’accrocher à des relations toxiques.
- Pour une personne avec un attachement évitant, cela peut être « L’amour, c’est une prison, mieux vaut rester seul », qui empêche de s’engager pleinement dans une relation amoureuse.
La TCC aide à remettre en question ces croyances, à adopter de nouvelles façons de penser et à modifier les comportements qui ne nous servent plus.
Quelle thérapie choisir ?
Il n’y a pas de règle absolue. L’important, c’est de trouver une thérapie qui te convient et surtout un thérapeute avec qui tu te sens à l’aise. C’est ce qu’on appelle l’alliance thérapeutique en psychologie, c’est-à-dire la relation entre le thérapeute et le patient. L’approche compte, mais la relation thérapeutique encore plus.
Si ce sujet t’intéresse, je t’invite à lire mon article dédié aux thérapies adaptées ici : Guide complet : Quelle psychothérapie est faite pour toi ?
Et si tu veux trouver un psychologue qui te convient, je t’invites à lire l’article dédié à ce sujet ici : Comment choisir un psychologue ? 3 questions à se poser
En bref
Il existe trois styles d’attachement principaux reconnus dans la littérature scientifique : anxieux, évitant et sécure. Parfois, un quatrième type est inclus : le style désorganisé, qui oscille entre anxieux et évitant.
Ces styles d’attachement se développent souvent dès l’enfance, en fonction du comportement de nos parents ou de notre figure d’attachement :
- Un parent inconsistant, chaud-froid → favorise un attachement anxieux.
- Un parent sur-présent ou complètement distant → favorise un attachement évitant.
- Un parent aimant et consistant, sans surinvestissement → favorise un attachement sécure.
Cependant, notre style d’attachement n’est pas figé. Une personne ayant grandi avec un attachement émotionnel sécure peut, après des traumas ou des relations toxiques, développer un style anxieux ou évitant.
Si ton style d’attachement ne te convient pas, il est possible d’évoluer vers un attachement plus sécure. La première étape est d’en prendre conscience, puis d’entamer un travail sur soi. Une aide professionnelle peut être précieuse dans ce processus.
Voici quelques types de psychothérapies particulièrement adaptées pour travailler sur l’attachement :
- La psychothérapie de couple → pour comprendre la dynamique relationnelle et améliorer la communication.
- La psychothérapie systémique → pour analyser les schémas relationnels et leur impact sur notre entourage.
- La thérapie cognitive et comportementale (TCC) → pour identifier et modifier les pensées et comportements dysfonctionnels liés à l’attachement.
Le changement est un processus, mais avec de la prise de conscience, du travail et les bons outils, il est tout à fait possible d’évoluer vers des relations plus sereines et équilibrées.
Julien
20/02/2025Très intéressant !